Spéculer sur les blés. La soudure et le stockage des grains chartrains en question (1748-1790)

Le commerce et l’argent
Par Gérard Béaur
Français

Le phénomène récurrent de la soudure en fin d’année-récolte et les profits fabuleux réalisés par les producteurs de grains en ces occasions font partie des conceptions généralement admises par tous ceux qui se portent sur le fonctionnement des marchés des grains. Pourtant, cette idée reçue tend à être remise en question aujourd’hui et nécessite d’être interrogée à nouveaux frais.
Cet article entend renverser la perspective courante en se portant du côté des acteurs, de la logique qui commande leur action, et ainsi questionner les conditions de réalisation d’une spéculation gagnante. En mobilisant les données de la mercuriale de Chartres pendant un demi-siècle, il s’agit de revoir le principe même du mouvement saisonnier des prix, de décrypter les anticipations des vendeurs dans le cadre d’une année-récolte et de mesurer leur degré de prescience à l’égard de la future récolte. Quitte à relativiser les profits engendrés par l’exploitation de la soudure, il s’agit aussi de prendre en compte les risques qu’ils encourent et les coûts qu’ils subissent lorsqu’ils privilégient des pratiques de stockage et de retenue des grains à des fins spéculatives, dont on peut douter du caractère opportun et systématiquement avantageux.

Mots-clés

  • France
  • Chartres
  • xviiie siècle
  • marché des grains
  • prix
  • soudure
  • spéculation
  • stockage
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