Des trotskistes à l’usine : le « tournant vers l’industrie » de la LCR par celles et ceux qui l’ont vécu

Appartenances et engagements politiques
Par Hugo Melchior
Français

Au début des années 1980, la Ligue communiste révolutionnaire, convaincue de l’imminence d’une crise sociale majeure, décide d’entreprendre une politique volontariste dans l’espoir d’améliorer significativement son implantation au sein de la classe ouvrière industrielle, jugée insuffisante pour une organisation défendant les intérêts immédiats et historiques de ce qu’elle considère être le « sujet de l’émancipation » au sein de la société capitaliste.
Pour pouvoir être présente dans les principales entreprises des « secteurs clés de l’industrie », elle incita ses militants non ouvriers à envisager une reconversion professionnelle, sur la base du seul volontariat. Bien qu’ayant échoué dans ses objectifs initiaux, cette tentative de « prolétarisation » oubliée et ignorée par l’historiographie et la mémoire collective, intervenant dix ans après la politique d’établissement des organisations maoïstes dans les années 1968, fut mise en œuvre au moment où l’on assistait à la remise en cause de la « centralité ouvrière » en France. Aussi est-il intéressant d’objectiver quelques-unes de ces trajectoires militantes hors normes, de ceux qui ont « changé de vie » pour contribuer à « changer la vie » dans les entreprises, et qui, entre autres choses, illustrent les effets biographiques sur la longue durée des engagements partisans s’enchâssant dans le champ politique radical.

Mots-clés

  • France
  • xxe siècle
  • politique
  • trotskisme
  • ouvriers
  • militantisme
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