La dégradation d’un métier rare : les fabricants d’arbalètes (Saint-Empire, XVIe siècle)

Les métiers à l’œuvre (XVIe-XVIIIe siècle)
Par Jean-Dominique Delle Luche
Français

L’arbalète, arme essentielle dans l’armement urbain à la fin du Moyen Âge en Europe, devient obsolète militairement avec le progrès des armes à feu. L’article examine l’évolution du métier des fabricants d’arbalètes dans le Saint-Empire au xvie siècle et propose d’examiner, à partir d’une documentation dispersée et hétérogène (suppliques, livres de bourgeoisie, délibérations du conseil, registres de tir), le processus de déclin progressif et de mutation d’un métier médiéval. L’effondrement de la demande bouleverse un métier jusque-là vital, puisque l’entretien des arsenaux publics et privés favorise l’emploi de ces experts militaires dans chaque ville. Les arbalétriers deviennent des artisans dépendants d’une clientèle réduite, celle des sociétés de tir, dont le maintien de cette sociabilité des élites garantit la survie précaire du métier. Le déclin de la spécialité, avec la concentration de l’activité sur un seul poste par ville, et une diminution progressive des villes pratiquant le tir à l’arbalète entraînent néanmoins des stratégies de redéfinition du métier ou d’autres stratégies pour obtenir les postes vacants. La qualification comme métier libre permet aux artisans de rechercher pour eux ou leurs fils des formations de substitution dans le travail du bois ou de la corne, ou complémentaires comme le manchage d’arquebuse ; des stratégies de réseau familiales et professionnelles permettent de postuler aux postes les plus opportuns dans le Saint-Empire.

Mots-clés

  • Saint-Empire
  • artisanat et métiers
  • arbalète
  • histoire urbaine
  • Renaissance
  • xvie siècle
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