Jalons pour une histoire sociale de Phnom Penh : les élites cambodgiennes dans leur capitale à la période coloniale (1863-1953)

Aux marches du pouvoir
Par Marie Aberdam
Français

En 1865, le roi Norodom du Cambodge décide d’installer sa nouvelle capitale sur un site portuaire, à Phnom Penh. Sa cour, qui le suit alors d’Oudong, renoue avec la tradition cosmopolite et commerciale du royaume, tradition incarnée par la communauté marchande installée sur ce site, dit également des « Quatre faces », catumukh, à la confluence de deux fleuves. La royauté cambodgienne entend alors démontrer à la France conquérante – sa puissance « protectrice » depuis 1863 – toutes ses capacités politiques et économiques en se positionnant comme un pôle attractif dans le delta du Mékong. Cet article analyse l’installation des élites cambodgiennes à Phnom Penh et leurs pratiques immobilières. Alors que les grands chantiers lancés par l’État colonial au cours du xxe siècle modèlent le paysage urbain, le palais reste le pôle à partir duquel se comprennent logiques de peuplement et d’habitat dans la capitale. Si ce palais voit son pouvoir politique concurrencé par la résidence supérieure, les élites perpétuent cependant son rayonnement à travers la reconduction de ses fonctions sociales. Les élites commerçantes allogènes de Phnom Penh sont invitées à s’allier à la société curiale venue d’Oudong : les maisons alors constituées sont dès lors de puissantes intermédiaires entre la famille royale et les représentants de la France, intermédiations qui s’observent notamment à travers leurs spatialisations dans la capitale.

Mots-clés

  • xixe-xxe siècles
  • Cambodge
  • Indochine française
  • histoire urbaine
  • Phnom Penh
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