La revanche de la mémoire en Turquie : qui est le “vrai Köprülü” ?

Droit de suite : le généalogiste et l’historien
Par Olivier Bouquet
Français

Depuis une trentaine d’années, le recul du kémalisme, l’arrivée au pouvoir en 2002 d’une formation islamique (le Parti de la justice et du développement) favorable à la redécouverte du passé impérial et le déploiement de la politique étrangère turque vers des territoires anciennement ottomans ont engagé une mutation profonde de la culture républicaine et des représentations des citoyens turcs vis-à-vis de leur passé. L’histoire impériale prend sa revanche, les grandes familles ottomanes aussi. Elles défendent d’autant plus ardemment d’anciennes lettres de noblesse impériale remises au goût du jour par les autorités d’Ankara qu’elles sont ramenées à une identité de Turcs blancs inversement dévalorisée. Le présent article en donne une illustration à partir des débats qui entourent l’ascendance de Mehmed Fuad Köprülü (1890-1966), l’historien turc le plus important du xxe siècle. Il retrace les échanges entre l’auteur de l’article et des descendants qui se réclament d’un accès à une mémoire familiale que seule l’appartenance lignagère confère. Il explique en quoi les historiens de métier ont tout intérêt à intégrer la généalogisation des mémoires familiales à leur objet d’étude. L’avantage est double : aborder des réalités ottomanes sous un jour nouveau ; gagner un éclairage complémentaire sur les enjeux de la néo-ottomanisation de la nation turque.

Mots-clés

  • généalogie
  • mémoire familiale
  • Empire ottoman
  • élites républicaines
  • Turquie
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