Les consommateurs britanniques et la qualité des produits à la fin du XIXe siècle

Marché(s)
Par Giorgio Riello, Audrey Millet, Philippe Minard
Français

La qualité des produits britanniques à la fin du xixe siècle a longtemps été perçue comme mauvaise. Dans un contexte d’expansion spectaculaire de la demande, la qualité intrinsèque des produits manufacturés aurait montré des signes de recul. Pourtant, la qualité n’est pas un concept absolu et ne repose pas uniquement sur l’évaluation des qualités matérielles intrinsèques des produits. Par-delà les plaintes déposées au sujet de la mauvaise qualité de la fabrication, de la contrefaçon et des produits défectueux, le recul de la qualité des produits manufacturés, réel et perçu, doit être analysé dans un contexte d’évolution de la production et de la consommation. En s’appuyant sur les entretiens menés entre 1887 et 1896 par l’enquêteur social Charles Booth et ses assistants, on peut étudier les différentes significations de la qualité pour les producteurs, les consommateurs et les distributeurs de l’époque victorienne. Pour ce faire, on s’appuie sur la théorie économique des conventions, selon laquelle la qualité n’est pas absolue, mais construite en fonction des attentes et des conventions qui lient les différents acteurs du marché. Cet article analyse ainsi la refonte des conventions de qualité par les fabricants, les distributeurs et les consommateurs, à la fin du xixe siècle en Grande-Bretagne. Il examine ensuite ces différents acteurs au prisme de la relation entre les conventions et la législation, à partir du cas spécifique des marques et de la concurrence étrangère. L’analyse propose enfin une réflexion sur la nécessité de reconnecter le secteur industriel et les historiographies de la production et de la consommation, pour mieux comprendre ce que signifie la « qualité ».

Mots-clés

  • Époque victorienne
  • Grande-Bretagne
  • industrie
  • Londres
  • sweating-system
  • qualité
  • consommateurs
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