L’accueil familial thérapeutique. Une expérience italienne au tournant des XIXe et XXe siècles

La psychiatrie hors de l’asile. Pour une nouvelle histoire de la folie à l’époque contemporaine
Par Marianna Scarfone
Français

Débutée à la toute fin du xixe siècle à l’initiative de quelques directeurs d’asiles d’Italie centrale, la pratique du patronage hétéro-familial constitue une forme de prise en charge des aliénés alternative à l’internement asilaire strictu sensu, consistant à confier les malades « chroniques, tranquilles et inoffensifs » à des familles d’infirmiers habitant dans des villages situés aux alentours de l’hôpital psychiatrique. Cet article vise à analyser les tenants et les aboutissants de ce modèle, mais aussi sa mise en œuvre concrète en interrogeant, à travers le vécu des malades sélectionnés pour les premiers essais et les écrits des médecins promoteurs du système, l’expérience de Reggio Emilia, depuis ses débuts en 1898, soit quelques années avant que l’accueil hétéro-familial soit institutionnalisé par la loi italienne sur les asiles et les aliénés (1904), jusqu’à sa fin en 1942. En effet, sous le poids des contraintes de la guerre, les besoins des hôtes-nourriciers et des asiles ne coïncident plus : les hôtes ne sont plus en mesure d’entretenir les aliénés qui leur sont confiés avec l’allocation octroyée par la province et les institutions asilaires ont besoin du travail des malades valides pour survivre. Il n’en reste pas moins que pendant plusieurs décennies, ce système a permis, dans une certaine mesure, aux asiles de réguler le nombre de leurs patients ; à certains foyers de bénéficier d’un revenu supplémentaire ; et à bon nombre de malades de sortir de l’institution tout en restant sous son contrôle, d’un point de vue clinique et légal.

Mots-clés

  • psychiatrie
  • désinstitutionalisation
  • hôpitaux psychiatriques
  • asiles
  • malades mentaux
  • Italie
  • xxe siècle
Voir l'article sur Cairn.info