Mobilité sociale et Empire : les gouverneurs coloniaux français entre 1830 et 1960

Circulations et contrôles, XVIIIe-XXe siècle
Par Cédric Chambru, Scott Viallet-Thévenin
Français

Cet article a pour but d’analyser les origines sociales de l’élite administrative du second empire colonial français. L’analyse prosopographique, à partir d’une nouvelle base de données comprenant les 599 individus ayant occupé la fonction de gouverneur entre 1830 et 1960, montre que l’évolution de leurs origines sociales s’explique par les changements dans le rapport à la métropole, l’attrait des colonies et l’institutionnalisation des administrations coloniales. Une comparaison avec une élite administrative métropolitaine proche, le corps préfectoral, met en évidence les spécificités de cette élite coloniale. Entre 1830 et 1960, la carrière coloniale offre aux individus qui s’y engagent des possibilités d’ascension sociale plus importantes que les carrières administratives en métropole. Ainsi, la mise en place de l’administration coloniale au tournant du xxe siècle – une période où les conditions sanitaires et sécuritaires rendent les colonies peu attractives – représente une opportunité pour les individus issus des milieux les plus modestes ou aux carrières les plus atypiques. Le renforcement de la professionnalisation des carrières coloniales après la Première Guerre mondiale conduit à une homogénéisation plus forte des parcours et des origines des gouverneurs. Cependant, les possibilités de mobilité sociale ascendante restent fortes et ne diminuent qu’avec les bouleversements apportés par la Seconde Guerre mondiale.

Mots-clés

  • France
  • xxe siècle
  • empire colonial
  • mobilité sociale
  • élites administratives
  • prosopographie
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