Cartels et lobbies de la vraie vanille : marketing, genre, nostalgie et réseaux postcoloniaux

Le commerce des plantes : empires, réseaux marchands et consommation (XVIe-XXe siècle)
Par Éric T. Jennings
Français

Issue d’Amérique centrale, la vanille devint au cours du xixe siècle une denrée impériale française par excellence, associée au luxe et à la colonisation. En effet, en 1933, Madagascar produisait 80 % de toute la vanille consommée à l’échelle globale. En 1967, les colonies et territoires français de l’océan Indien (Madagascar, La Réunion, Comores) parvinrent à maintenir grosso modo cette part du marché mondial. Pourtant, la vanille étant l’une des denrées agricoles les plus chères de la planète à produire, divers ersatz vinrent la concurrencer. La vanille de synthèse connut en effet un essor considérable. Chez les grands pays importateurs qu’étaient les États-Unis et le Canada, l’utilisation de vanille synthétique augmenta de 700 % entre 1933 et 1963. Cet article se penche sur une période clef, au cours des années 1960, durant laquelle les pays producteurs de vanille tentèrent d’enrayer la montée inexorable des produits de synthèse à arôme de vanille. Associant pays nouvellement indépendants et ancienne puissance coloniale, ils tentèrent d’établir des prix planchers et entreprirent des démarches auprès de la CEE. Ciblant le public français, ils jouèrent surtout sur des registres nostalgiques et genrés pour promouvoir la « vraie vanille ».

Mots-clés

  • Océan Indien
  • xxe siècle
  • vanille
  • consommation
  • Madagascar
  • Comores
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