Vendre le ginseng nord-américain en Chine : une bulle spéculative globale au milieu du XVIIIe siècle

Le commerce des plantes : empires, réseaux marchands et consommation (XVIe-XXe siècle)
Par Rahul Markovits
Français

La découverte au Canada d’une variété du ginseng par le jésuite Lafitau en 1716 se traduisit par la mise en place rapide, en quelques années, d’un circuit commercial inédit reliant l’Amérique du Nord à la Chine, où la demande pour ce produit, le remède suprême de la pharmacopée chinoise, était forte. Vers le début des années 1750, une véritable bulle spéculative s’était formée, qui éclata brutalement en 1752.
En identifiant les acteurs qui entrèrent en jeu à chacune des étapes de la spéculation, de la marchandisation du produit à sa commercialisation à Canton, il s’agit d’offrir, au prisme du ginseng, une sorte d’instantané de la mondialisation produite par les réseaux du capitalisme commercial au mitan du xviiie siècle. En traquant le ginseng dans les archives des compagnies de commerce et les papiers privés des marchands, cet article cherche à démontrer que, loin de s’expliquer par un problème mécanique d’offre et de demande, l’éclatement de la bulle ne peut se comprendre en dehors de la stratégie monopolistique de la Compagnie des Indes française, qui chercha à s’assurer l’exclusivité de sa commercialisation à Canton.

Mots-clés

  • Nouvelle-France
  • Chine
  • xviiie siècle
  • drogues
  • spéculation
  • mondialisation
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