Les peintres et sculpteurs « sans qualité ». Une population invisible dans le Paris des Lumières ?

Catégories et classements sociaux
Par Maël Tauziède-Espariat
Français

Les archives de la police de Paris au xviiie siècle révèlent l’existence de travailleurs actifs en dehors des institutions, et donc peu visibles. Parmi eux, les peintres et sculpteurs « sans qualité » constituaient une population hétérogène, mobile et nombreuse. Une évaluation quantitative indique que les artisans, artistes et marchands « sans qualité » actifs dans les domaines des beaux-arts, des arts décoratifs, du marché de l’art et du bâtiment représenteraient des centaines d’individus dans les années 1760. Marginalisés juridiquement et intégrés économiquement, les peintres et sculpteurs « sans qualité » sont mêlés de facto aux dérèglements institutionnels de la seconde moitié du xviiie siècle qui conduisirent à la remise en cause du système corporatif et à la libéralisation du statut de l’artiste. Dans le domaine plus spécifique de l’histoire sociale de l’art, les archives de la police renseignent sur l’atelier, les pratiques artistiques et la production, comblant ainsi des lacunes biographiques. Cette étude montre aussi comment de jeunes artistes constituaient un objet de rivalités entre l’Académie royale de peinture et de sculpture et la Communauté des peintres et sculpteurs de Paris, et questionne la possibilité de faire une carrière artistique en dehors des institutions.

mots-clés

  • xviii e siècle
  • Paris
  • artiste
  • travail
  • visibilité
  • corporation
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