Repenser la Glorieuse Révolution de 1688

Lectures : 1688 et l’État anglais
À propos de : STEVEN PINCUS, 1688. The First Modern Revolution, New Haven, Yale University Press, 2009, 647 p., ISBN 978-0-300-11547-5
Par Karim Ghorbal
Français

1688. The First Modern Revolution, ouvrage de Steven Pincus paru en 2009, réinterprète d’une manière nouvelle et ambitieuse les évènements qui constituèrent la Glorieuse Révolution anglaise de 1688-1689. Ouvrage remarqué et commenté par les historiens anglo-saxons, il est néanmoins passé inaperçu au sein de la communauté historique française, alors même que la thèse qu’il présente rapproche l’histoire révolutionnaire de l’Angleterre de celle de la France. Selon lui, loin d’être pacifique, raisonnable ou conservatrice, la Glorieuse Révolution fut violente, populaire et radicale, et le conflit entre Jacques II et Guillaume d’Orange opposa non pas les réactionnaires aux progressistes ou les catholiques aux protestants, mais bien plutôt deux projets modernisateurs antagonistes. Celui de Jacques II épousait celui des tories, et souhaitait créer un État absolutiste catholique moderne, fondé sur un empire terrestre étendu, un armée forte, une administration efficace et une agriculture développée. Celui de Guillaume d’Orange et de ses partisans whigs préconisait au contraire la création d’un empire commercial et maritime s’appuyant sur la production manufacturière. S. Pincus rompt dès lors avec la vision exceptionnaliste de la Glorieuse Révolution qui a longtemps prévalu en Angleterre et aux États-Unis. Pour lui, cette révolution doit être en réalité comprise comme la première révolution moderne, comparable à bien des égards aux révolutions ultérieures, française, russe, chinoise ou iranienne.

MOTS-CLÉS

  • Angleterre
  • XVII e siècle
  • 1688
  • révolution
  • historiographie
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