Sur les rapports des classes populaires et moyennes à l’école (France, 1910-1950) : quelle « demande sociale » d’instruction prolongée ?

Les usages des institutions (xvie-xxe siècle)
Par Jean-Michel Chapoulie
Français

À partir de l’exploitation des réponses à une enquête par questionnaires réalisée vers 1980 sur l’entrée dans l’enseignement primaire supérieur entre 1910 et 1950, l’article offre une analyse du rapport des classes populaires et des fractions inférieures des classes moyennes à une scolarisation prolongée au-delà de l’enseignement primaire élémentaire. Il accorde ainsi une signification à la notion, sans contenu empirique précis, de « demande d’éducation » mobilisée pour expliquer la prolongation d’études des garçons issus de ces catégories sociales. Si une partie, vraisemblablement restreinte, des familles concernées a poursuivi un projet de mobilité sociale, comme cela était fréquemment affirmé à l’époque, une amélioration modérée de la condition économique, des emplois moins exigeants physiquement, une sécurité plus grande dans l’emploi, ou simplement un accès à celui-ci dans les administrations ou de grandes industries, quand l’entreprise familiale était réservée à un autre enfant, ou que son déclin était anticipé, semblent des objectifs plus caractéristiques de la prolongation des études, à côté d’une fréquente soumission aux conseils et aux pressions des personnels de l’école. L’obtention de bourses, ainsi que l’action sur le terrain des administrateurs et des enseignants, ont été ainsi souvent décisives pour assurer un accès aux études prolongées, comme lors des prolongations ultérieures d’études également favorisées par les « goûts » acquis au cours de celles-ci.

Mots-clés

  • France
  • IIIe République
  • IVe République
  • scolarisation des garçons
  • classes populaires
  • classes moyennes
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