L’histoire au risque du récit

L’écriture de l’histoire : sciences sociales et récit
Par Stéphane Michonneau
Français

Je propose un retour sur expérience, celle qui m’a vu me confronter à un manuscrit inédit à vocation littéraire racontant, dans les années 1960, l’histoire d’hommes aux prises avec le système de répression franquiste, après la guerre civile espagnole. Le récit que je fis de cette aventure se présenta sous forme d’une enquête qui chercha à démêler le vrai du faux, prise dans l’inextricable labyrinthe que l’auteur – un anonyme – avait élaboré. Mais que faire d’un tel écrit qui prétendait être un témoignage, sinon le premier, d’événements à peine connus dans les années de sa rédaction ? Les impasses d’une enquête jamais aboutie me conduisirent à abandonner le parti pris de la véridicité du récit pour l’aborder sous un jour nouveau qui considérait la valeur mémorable du roman, celle par laquelle des faits sont consignés non pas pour décrire une réalité historique, mais pour suggérer des images dont le lecteur se souvienne. Ce déplacement changea progressivement l’écriture de l’histoire que je me proposais de conduire. J’acceptai de courir le risque du récit en histoire.

Mots-clés

  • témoignage
  • franquisme
  • répression
  • récit
  • mémoire
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