Beaucoup de bruit pour rien ? Retour sur la lecture faite par Timothy Snyder des violences de masse nazie et stalinienne

Lecture
À propos de : TIMOTHY SNYDER, Terres de sang. L’Europe entre Hitler et Staline [2010], Paris, Gallimard, 2012, 710 p., ISBN 978-2-07-013198-3. TIMOTHY SNYDER, Terre noire. L’Holocauste, et pourquoi il peut se répéter [2015], Paris, Gallimard, 2016, 589 p., ISBN 978-2-07-014950-6
Par Jean Solchany
Français

Depuis la publication de Terres de sang en 2012 et de Terre noire en 2016, l’historien américain Timothy Snyder est crédité d’avoir renouvelé en profondeur la compréhension des crimes nazis et staliniens ; il est devenu un intellectuel global que s’arrachent les médias du monde entier. Cet article propose une mise en perspective critique de ses analyses, qui ont suscité les réactions les plus contradictoires dans la communauté historienne. Il montre que le paradigme des terres de sang n’est pas porteur d’un décentrement spatial fécond, mais induit au contraire une relecture datée et simplificatrice des histoires nazie et soviétique, vues au prisme d’un comparatisme niveleur et d’un interactionnisme hypothétique. Il souligne la faible portée heuristique de la thèse de la destruction de l’État, érigée en méta-explication de l’extermination des juifs d’Europe. Il interroge la pertinence des leçons que Timothy Snyder, adoptant la posture de l’intellectuel-prophète, tire de la Shoah.

Mots clés

  • Europe
  • années 1930 et 1940
  • nazisme
  • stalinisme
  • histoire comparée
  • crimes de masse
  • Shoah
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