Pour la mort d’un chef kanak. Le destin de Mohamed ben Ahmed ou les enjeux d’une histoire coloniale des subalternes. La Nouvelle-Calédonie au tournant du XXe siècle

Violence coloniale
Par Isabelle Merle, Adrian Muckle
Français

Le chef kanak Bwëé Noël Pwatiba est mort, le 10 janvier 1918, au lieu-dit Koniambo, sous les coups d’un « arabe », condamné aux travaux forcés. C’est ainsi qu’était raconté en 2009, devant la stèle posée en son honneur, le décès de celui qui fut l’une des grandes figures de « la guerre de 17 », nom donné aujourd’hui à l’insurrection kanak qui éclata dans le nord de la Grande Terre en Nouvelle-Calédonie dans l’ombre de la Grande Guerre. « L’arabe », Mohamed ben Ahmed, resté longtemps anonyme, est ici l’aiguillon de l’enquête qui tente de comprendre les raisons d’un crime. Il s’agit d’éclairer les plis et replis « d’un si petit monde colonial » où se côtoient des émigrants et des condamnés poussés par les dynamiques impériales du temps, à proximité de Kanak refoulés dans des réserves indigènes. Inspirés par une histoire au ras du sol prêtant une attention soutenue aux subalternes et à leurs logiques d’action, nous cherchons à rendre lisible la « situation coloniale » au plus près du terrain, à travers l’enchevêtrement de destins et de liens – ou du moins d’en comprendre l’ambiguïté à travers la rencontre improbable entre Mohamed ben Ahmed et le chef Noël, dans laquelle se jouent l’entraide, la fragile confiance et la trahison.

Mots-clés

  • Océanie
  • XXe siècle
  • Nouvelle-Calédonie
  • situation coloniale
  • Middle ground
  • violence
  • colon
  • Kanak
  • indigènes
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