Le cadavre du conspirateur : peur, colère et défense de la communauté à l’époque de la Saint-Barthélemy

Corps à l’épreuve
Par Michel de Waele
Français

Dagué, défenestré, brûlé, noyé, châtré, décapité, mutilé et pendu. Tel fut le sort réservé au cadavre de l’amiral de Coligny lors de la Saint-Barthélemy. Ce destin attendait également le corps de nombreux protestants à l’époque des troubles de religion. Les historiens ont interprété ces outrages comme une manifestation de la ferveur religieuse qui anime les catholiques du temps, désireux de purger leur communauté de la pollution générée par l’hérésie. Cet article se demande si les assauts contre les cadavres des huguenots ne relèvent pas également d’une autre dimension, qui trouve des échos dans une histoire large de l’outrage au cadavre. Les peurs vécues par les catholiques du temps n’étaient pas que religieuses. Elles étaient aussi sociales et politiques. Les attaques contre les cadavres traduisent ainsi un double état d’esprit : d’une part les peurs, tant spirituelle que temporelle, des catholiques, de voir les hérétiques s’emparer du royaume ou du moins, de leur communauté et, d’autre part, la colère, voire la haine, devant les moyens qu’ils auraient pris pour parvenir à leurs fins, c’est-à-dire la ruse et le complot.

Mots-clés

  • Saint-Barthélemy
  • massacres
  • lynchage
  • Coligny
  • troubles de religion
  • conspiration
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