Contre la laïcité. Le pavoisement de Jeanne d’Arc dans le Paris de 1909

Construction et usages politiques de la mémoire
Par Olivier Ihl
Français

La pratique du pavoisement n’a guère été interrogée au cœur de l’histoire des mobilisations politiques. Cet article qui porte sur la béatification de Jeanne d’Arc dans le Paris de 1909 l’aborde comme une acclamation visuelle, une forme alternative de mise en scène qui, sous prétexte de lever l’étendard du Peuple, permet aux milieux de la droite monarchiste et catholique de s’opposer à la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État. Disqualifier la définition nouvelle de l’espace public : tel était l’enjeu de cet appel au drapeau censé donner naissance à une fête nationale concurrente du 14 juillet. Il faut y voir une prétention à la visibilité publique dressée contre la République du Bloc des gauches et contre la confessionnalisation du catholicisme. Pour dégager les ressorts de cette manifestation, on questionne ici le modèle de représentation dont le pavoisement se revendique (vox populi, vox dei), puis les dispositifs d’encadrement et de mise en scène qui contribuent à fixer sa signification, enfin on mesure l’étendue de son emprise sociale et spatiale – une façon de savoir à quel degré cette représentation du peuple parisien peut incarner le thème d’une démocratie hostile à la laïcité et aux élections.

Mots-clés

  • France
  • Paris
  • IIIe République
  • Jeanne d’Arc
  • manifestation
  • drapeau
  • laïcité
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