Devenir diplomate en Révolution : naissance de la « carrière diplomatique » ?

Trajectoires
Par Virginie Martin
Français

Sous la Révolution, le statut juridique de la diplomatie connaît une mutation sans précédent : la fonction diplomatique n’est plus un honneur royal, réservé à une frange de l’élite nobiliaire ; elle devient une fonction publique, destinée aux citoyens qui ont su faire la preuve de leurs « vertus » et de leurs « talents ». Si imprécis que soient ces deux critères, ils ont cependant permis un profond renouvellement du personnel diplomatique et contribué à une redéfinition pérenne des finalités de l’outil diplomatique.
Ce sont les logiques, les mécanismes et les étapes de cette évolution que cet article se propose de mettre au jour, par une analyse des processus et des critères de recrutement des agents envoyés en poste ou en mission à l’étranger. N’ayant jamais été définis dans aucun texte de loi, ces critères ne peuvent être identifiés qu’en confrontant les lettres des candidats au recrutement et à l’avancement diplomatique, avec les procédures de sélection mises en œuvre par les différents organes institutionnels. Entre les critères retenus par le ministère, ceux promus par les députés et ceux défendus par les impétrants, ce sont plusieurs modèles-types du « diplomate » qui émergent. C’est cependant le critère de la compétence qui a prévalu. Sous la Révolution, les mutations de l’appareil diplomatique tiennent donc moins à une simple logique de « démocratisation » et de « politisation » qu’à une exigence de professionnalisation, dont les lettres de candidature, de recommandation et de nomination permettent de saisir à la fois les modalités et les limites.

Mots-clés

  • Révolution française
  • diplomatie
  • représentation
  • pouvoir exécutif
  • ministère des Affaires étrangères
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