L’argent dans l’enclos du Commerce : courtiers et agents de change à la Bourse de Rouen (XVIIe-XVIIIe siècles)

Gagner au change : les circuits de l’argent
Par Guillaume Foutrier
Français

À rebours d’une opposition classique entre la vitalité des pratiques privées de l’argent et la pesanteur des interventions publiques et réglementaires, cette étude de la Bourse et des agents de change à Rouen sous l’Ancien Régime décrit comment l’élite du négoce rouennais encadrait et surveillait les échanges de papier commercial. L’édification d’un enclos de l’argent de qualité et la soumission effective des courtiers au pouvoir des juges-consuls se confondirent avec l’histoire d’une institution, la juridiction consulaire, qui parvint lentement, au détour des opérations fiscales de la monarchie, à renforcer sa légitimité et sa puissance. Au XVIIIe siècle, dans un contexte d’essor des circulations cambiaires, la juridiction consulaire a assis son contrôle sur le courtage de banque. Le crédit d’escompte, cœur du métier bancaire, se développa alors au sein d’un régime de courtage très réglementé.
Parmi les interdictions frappant leur activité, les courtiers de la Bourse, suspects de manipuler le marché, n’avaient pas le droit de tenir une caisse ni de négocier pour leur compte des effets de commerce. Pourtant, la destitution du courtier Payenneville en 1764 révéla que ces interdictions n’étaient pas respectées et, surtout, qu’elles s’accommodaient très mal de la demande accrue de liquidité sur le marché de l’escompte. Face au développement des échanges et des pratiques cambiaires, la juridiction consulaire dut alors aménager sa règlementation pour intégrer les nouveaux usages et maintenir l’essentiel : le pouvoir du Commerce sur ses « commis ».

MOTS-CLÉS

  • XVIII e siècle
  • France
  • Rouen
  • privilège
  • courtiers
  • agents de change
  • bourse
  • banque
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