La veuve et le menuisier. L’économie du théâtre élisabéthain au miroir des archives judiciaires
Les spectacles élisabéthains, et notamment les représentations théâtrales, sont depuis
longtemps un objet d’étude pour l’histoire culturelle et politique. Cependant, l’histoire socioéconomique de ces spectacles est encore un champ marginal de la recherche. Cet article entend
analyser le théâtre élisabéthain comme une activité économique à part entière, en s’intéressant
aux modalités de son financement et aux personnes qui y investissent de l’argent, par le biais
d’une étude de cas : la construction et l’exploitation d’un des premiers amphithéâtres construits
à Londres, le Theatre. Ce cas révèle que le théâtre est une activité économique qui répond à une
demande forte de la part des Londoniens, qui repose sur de lourds investissements et qui mobilise les outils financiers et juridiques les plus couramment utilisés dans le monde des affaires
londonien (emprunts, obligations, hypothèques).
Une telle étude est rendue possible parce que la construction et la gestion des amphithéâtres,
dont le Theatre, ont donné lieu à plusieurs procès au long cours opposant les différents investisseurs pour la possession des lieux de représentation et la jouissance des recettes. L’exploitation
des dossiers de pièces judiciaires, documentation jusque-là négligée, et leur croisement avec des
livres de comptes tenus par une partie des protagonistes, révèlent que les logiques économiques
ont joué un rôle beaucoup plus important qu’on ne le pensait dans la naissance du théâtre public
londonien.
MOTS CLES
- Angleterre
- XVI e siècle
- théâtre élisabéthain
- Londres
- procès
- histoire socioéconomique