La captation de l’enfant de converti. L’évolution des normes canoniques à la lumière de l’antijudaïsme des XVIe-XVIIIe siècles

La religion, aux sources de l’enseignement du mépris ?
Par Isabelle Poutrin
Français

La décrétale Ex Litteris de Grégoire IX (1229) fixe le statut de l’enfant d’un couple de juifs dont le père s’est converti : l’enfant doit être baptisé et élevé dans la foi chrétienne. À partir du commentaire de ce texte par le jurisconsulte Agustinho Barbosa (v. 1640), on s’attache à présenter la norme concernant l’enfant de converti telle qu’elle est issue du travail des commentateurs médiévaux, en mettant en évidence ses liens avec la question plus large des conversions forcées d’enfants. Dans la période post-tridentine, la décrétale Ex Litteris fut réinterprétée afin de permettre au grand-père converti, puis à la grand-mère, « d’offrir l’enfant au baptême » même du vivant des père et mère juifs. Ce travail normatif prend sens, notamment, dans le contexte des pressions exercées par l’Église pour convertir les juifs dans les États pontificaux. L’évolution de la doctrine est jalonnée par une série d’affaires : le cas traité par Martin de Azpilcueta sous Grégoire XIII puis l’affaire tranchée par Benoît XIV en 1751. Les mises au point pontificales montrent, sur la longue durée, un durcissement des normes au détriment des juifs.

Mots-clés

  • juifs
  • antijudaïsme
  • droit canonique
  • famille
  • conversion religieuse
  • enfants
  • XVIe-XVIIIe siècle
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