Au-delà du sionisme : un « tournant spatial » de l’historiographie israélienne ?

Historiographie
Par Yfaat Weiss, Bernard Frumer, Guillaume Ratel
Français

Cet article passe en revue diverses études ayant mis l’accent, voire mis au premier plan, l’aspect spatial de l’histoire d’Israël. Ces travaux remettent en cause la compréhension et les conceptions conventionnelles de l’espace. Ils utilisent la perspective spatiale pour contester les perceptions existantes de la fondation et de la consolidation de l’État d’Israël en terre d’Israël. L’un des tournants majeurs dans l’écriture du « lieu » (makom) israélien au cours des dernières décennies, à partir de la première Intifada, est de nature interprétative. Il a pris la forme d’un abandon et du démantèlement des arguments de causalité dominants et profondément enracinés, et de leur remplacement par d’autres. L’espace est de forme changeante, il peut prendre des dimensions physique, visible et tangible comme il peut se rattacher aux sphères fonctionnelle, politique et symbolique. L’attention grandissante accordée à l’espace se situe dans le cadre d’une critique générale grandissante de l’entreprise coloniale sioniste, de la part de chercheurs qui refusent de continuer à interpréter ce projet selon ses propres termes. Toutes les études examinées dans cet article ont en commun la remise en cause de la carte cognitive juive-israélienne qui ignore l’habitant palestinien précédent.
Les études d’Israël qui adoptent une perspective spatiale nous ouvrent une nouvelle compréhension. Vue sous l’angle spatial plutôt que sous celui du discours public, l’année 1967 ne semble pas forcément constituer un tournant. Parce que l’état d’occupation qu’ont créé les événements de 1967 s’est maintenu depuis, ce moment ressemble aujourd’hui plus à une maladie chronique qu’à une crise isolée et aiguë. La perspective spatiale facilite l’analyse méthodique et expose les relations de causalité entre le conflit israélo-palestinien et les débats et les conflits internes de la société israélienne.

MOTS-CLÉS

  • Israël
  • XX e siècle
  • sionisme
  • conflit israélo-palestinien
  • historiographie
  • mémoire
  • espace
  • expropriation
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