Négocier sa mort. Le combat des vieillards en institution à Paris au XIXe siècle

Les malades et l'institution hospitalière
Par Mathilde Rossigneux-Méheust
Français

En partant de l’idée largement répandue dans l’historiographie que les hospices de vieillards tels qu’ils s’inventent au XIXe siècle sont des mouroirs, cet article montre que mourir à l’hospice relève bien d’une expérience originale de la fin de vie mais qui entre en contradiction avec les grands schémas d’analyse des attitudes contemporaines devant la mort. Vivre à l’hospice, c’est vivre et mourir à la fois sous tutelle et au milieu des autres assistés. Loin d’être tue ou cachée, la mort des vieillards parisiens est planifiée dès l’entrée en institution et se produit le plus souvent en public. Privés du droit de tester, les pensionnaires de l’Assistance publique risquent aussi, pour les plus pauvres, de finir disséqués dans les amphithéâtres de la Faculté de médecine de Paris. Expérience de la domination vécue par les vieillards entrés en assistance, la préparation de leur mort devient néanmoins celle d’un combat politique mené par des associations de pensionnaires. Transformé en cause publique dans le second XIXe siècle, le droit de choisir sa mort et ses héritiers s’impose toutefois plus rapidement dans la presse et chez les élus parisiens que dans les pratiques assistancielles. Cet article entend non seulement revenir sur la pauvreté réductrice de la représentation de l’hospice mouroir, mais aussi insister sur les marges de manœuvres et les capacités de mobilisation dont disposent, au XIXe siècle, les vieux des classes populaires.

MOTS-CLÉS

  • Paris
  • XIX e siècle
  • mort
  • cadavre
  • assistance
  • classes populaires
  • vieillesse
  • hospice ■
Voir l'article sur Cairn.info