Entre scientifisation et travail de frontières : les transformations des savoirs vétérinaires en France, XVIIIe-XIXe siècles

Les marchés du savoir
Par Delphine Berdah
Français

Par l’analyse des transformations des savoirs vétérinaires au cours des XVIIIe et XIXe siècles, cet article vise à éclairer d’un jour nouveau le développement professionnel des vétérinaires français depuis la création des Écoles en 1762 jusqu’à l’obtention de leur premier monopole d’exercice en 1881. Situé aux frontières de la médecine et de l’agriculture, le corps des vétérinaires partageait initialement ses compétences avec celles d’autres professions et corps de métiers. Réalisant un double travail de démarcation – à la fois institutionnel (par la création d’un enseignement formel sanctionné par l’octroi d’un diplôme), mais aussi cognitif, en théorisant les savoirs sur l’animal ainsi qu’en élaborant un vocabulaire propre –, l’élite vétérinaire proche de la médecine et de la chirurgie a profité des conditions exceptionnelles d’expérimentation sur l’animal pour développer des savoirs propres, anatomopathologiques, physiologiques, cliniques, mais aussi bactériologiques. Ce faisant, les vétérinaires ont construit le problème des maladies contagieuses comme un enjeu dans lequel leurs savoirs et savoir-faire leur permettaient de formuler une expertise sur la base de laquelle les modes de gestion de ces maladies pouvaient être pensés, définissant en retour leur premier monopole d’exercice sur le contrôle de la contagion.

MOTS-CLÉS

  • France
  • XVIIIe-XIXe siècles
  • médecine vétérinaire
  • savoirs
  • professionnalisation
  • contagion
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