Grandeur scientifique et politiques de l'espace : la création et le transfert du CNES (1958-1974)

Politiques publiques et savoirs en action
Par Jérôme Lamy
Français

La décentralisation du Centre National d’Études Spatiales (CNES) à Toulouse en 1963 procède d’un double mouvement politique : d’une part, la constitution d’un secteur de recherche français innovant dans le domaine de l’espace, d’autre part un travail d’aménagement du territoire initié sous la IVe République et poursuivi sous la Ve République. L’article s’appuie sur la notion de grandeur civique, forgée par Luc Boltanski et Laurent Thévenot, pour désigner un principe supérieur relevant du bien commun et susceptible de fédérer le collectif national. Dans cette perspective, la création du CNES passe par la mobilisation politique du thème de la grandeur de la France et de son indispensable autonomie dans un contexte géopolitique bipolarisé. Le transfert du CNES à Toulouse décline localement le moyen pour la ville de conquérir une grandeur spatiale propre à la valoriser et à la caractériser. Lorsque la décentralisation de l’institution spatiale est mise en œuvre, la rhétorique de la grandeur s’efface. La création de la DATAR et l’affermissement de la politique d’aménagement du territoire appuient la légitimité politique du transfert du CNES.

MOTS-CLÉS

  • France
  • XXe siècle
  • politique publique
  • décentralisation
  • Toulouse
  • recherche spatiale
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