La pratique de l’épître dédicatoire des œuvres musicales fut un aspect incontournable de la vie musicale au siècle des Lumières et la face la plus apparente du patronage musical aristocratique.Ce corpus particulièrement fourni,longtemps négligé,voire méprisé,par les musicologues ou les historiens de la musique,constitue pourtant une source profitable pour l’histoire sociale et culturelle. Démentant l’image d’un usage figé et déclinant, l’analyse des dédicaces de la fin du siècle montre au contraire une pratique qui reste vigoureuse et se renouvelle en s’adaptant au goût du jour. En outre, leur étude en série nous entraîne dans des champs historiques variés, de l’analyse sociologique du monde musical parisien à l’évolution des sensibilités et des goûts musicaux,en passant par l’instrumentalisation de la création musicale par des aristocrates qui étaient aussi des courtisans.