Conjoncture vécue, conjoncture perçue : les carnets de bord d'un fabricant lillois au temps de la « Grande dépression » (1879-1891)

Les travaux et les jours du patronat
Par Didier Terrier
Français

Pour comprendre la manière dont un entrepreneur gère ses affaires, il faut saisir comment il vit et se représente le monde qui l’entoure et, plus particulièrement, la conjoncture économique qui se dessine jour après jour. Alors que la crise économique change la donne, un industriel de Lille, Jules-Émile Scrive-Loyer, tient quotidiennement son journal personnel où il relate toutes les conversations qui lui permettent d’obtenir l’information nécessaire à la bonne conduite de ses affaires. Revers et succès de ses concurrents locaux, investissements réalisés ici ou là, gestion de la main-d’œuvre et politique salariale: ses curiosités sont celles de tout patron soucieux de bonne gestion. Mais l’image de la situation économique qu’elles lui renvoient est opaque au point de le conforter dans une attitude fort prudente: l’avenir de la toile de lin est tellement incertain qu’il lui semble urgent de ne rien entreprendre. Ses hésitations et son inertie ne sont probablement pas sans signification à l’échelle d’un monde de l’industrie en partie fragilisé par la sévérité de la crise économique qui secoue, fin XIXe siècle, l’Europe occidentale

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