De la topographie invisible à l'espace public et littéraire :les lieux de plaisir lesbien dans le Paris de la Belle Époque

Sociabilités : géographies urbaines
Par Nicole G. Albert
Français

L’histoire de l’homosexualité féminine se confond avec les représentations et les discours qu’elle a suscités.C’est à eux qu’il faut d’abord se référer pour étudier l’émergence de la culture lesbienne, moins visible que celle de son homologue masculin, à la fin du XIXe siècle. Paris s’impose alors comme La Mecque du saphisme,où fleurissent bars,brasseries,tables d’hôtes et autres lieux de sociabilité et de plaisir; ils s’ajoutent désormais aux seuls espaces privés, réservés jusqu’alors aux tribades. Le dynamisme de cette sous-culture et la présence patente, voire redoutée, des lesbiennes dans la sphère publique sont attestés par une pléthore de textes – romans, articles, guides, études de mœurs – et d’images,de la peinture à l’illustration. Une fois considérée la place du fantasme et de l’imagination,ces divers témoignages,ces scènes croquées sur le vif, ces pochades, ces études à vocation panoramique,permettent de reconstituer assez fidèlement la physionomie d’un Paris lesbien en gestation. Pour la première fois,l’homosexuelle sort de l’invisibilité: elle descend dans la rue,se mêle à la foule,s’affirme dans sa singularité et concourt déjà à la formation d’une communauté.

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