Cas de conscience et affaires d'État : le ministère du confesseur royal en Espagne sous Philippe III

Les hommes du roi
Par Isabelle Poutrin
Français

Si les confesseurs des rois d’Espagne jouissent d’une réputation de forte influence politique en raison de leurs relations privilégiées avec les monarques, les réalités de leur ministère restent finalement mal connues. Elles sont étudiées ici à partir de la documentation concernant le dominicain Luis Aliaga, confesseur de Philippe III de 1608 à 1621. Protégé du cardinal Javierre, auquel il succéda dans la fonction de confesseur du roi, le P.Aliaga offre, dans la diversité de ses activités, un exemple intéressant des facettes de son travail. Outre les entrevues fréquentes avec le roi pour l’entendre en confession, il accomplissait son ministère de gardien de la conscience royale à travers un travail d’expertise routinier sur les affaires qui lui étaient soumises par les organes du gouvernement, ainsi que par la participation à divers conseils et commissions, notamment de finances. L’insertion dans les rouages du gouvernement est un trait spécifique des confesseurs des rois d’Espagne, tandis que le cumul des charges les plus importantes (membre du Conseil d’État, Inquisiteur général), dont bénéficia le P. Aliaga à la fin de sa carrière, reste inhabituel. Le confesseur royal était aussi un véritable ministre des affaires religieuses, intervenant surtout dans trois domaines: la provision des bénéfices ecclésiastiques dépendant du patronage royal, le règlement des affaires de l’Église d’Espagne et les relations avec Rome. Ce travail faisait de lui un médiateur dans les conflits internes au clergé, et un acteur de premier plan dans les relations diplomatiques avec la papauté. Toutefois, le confesseur de Philippe III s’insérait habituellement dans un processus collégial de conseil, qu’il s’agisse de l’administration des bénéfices ou de la résolution des cas de conscience liées aux affaires d’État les plus importantes, et il n’était pas en son pouvoir de déterminer la ligne politique de la monarchie, même en matière religieuse.

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