« Les bons vents viennent de l'étranger »: la fabrication internationale de la gloire de Gauguin

Trajectoires et réseaux
Par Béatrice Joyeux-Prunel
Français

La légende de Gauguin participe à notre conception de l’artiste moderne, antinomique de toute orientation commerciale. L’analyse historique montre au contraire que Gauguin se souciait de sa carrière et chercha très tôt à exporter son art. L’exportation ne devait pas lui fournir seulement des revenus supplémentaires: elle participa de la construction de son image de prophète. Gauguin associa cette stratégie d’exportation au mythe de l’artiste exilé, tirant parti des attentes de l’avant-garde symboliste littéraire. Ce mythe entretenait également sa gloire à l’étranger. Les stratégies de médiateurs étrangers, décidés à introduire Gauguin chez eux, renforcèrent le processus. Après la mort de l’artiste, le marchand parisien Ambroise Vollard utilisa cette synergie pour faire monter la gloire, le mythe et les cours de Gauguin. Plus qu’à démonter un mythe, cet article cherche donc à étudier la constitution du mythe et de la gloire de Gauguin, à une échelle internationale dès la fin du XIXe SIÈCLE. La face, occultée, d’un Gauguin véritable affairiste des arts, n’est pas séparable de l’image du peintre des Tropiques, celui qui avait choisi l’exil et la barbarie.

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