L'accueil en France des films américains de réalisateurs français à l'époque des accords Blum-Byrnes

Un art national ?
Par Laurent Le Forestier
Français

Laurent LE FORESTIER L’accueil en France des films américains de réalisateurs français à l’époque des accords Blum-Byrnes La diffusion française des films américains de Jean Renoir, René Clair et Julien Duvivier cristallise les grandes tensions critiques et idéologiques des années 1944-1948. À l’époque des accords Blum-Byrnes, le cinéma français cherche à se constituer une identité collective. La notion de « Résistance » est érigée en frontière, permettant une double exclusion : sont rejetés ceux qui, à l’intérieur du groupe, n’ont pas résisté (épuration, du moins partielle, des artistes qui ont collaboré pendant la guerre) tout comme ceux qui se sont placés d’eux-mêmes à l’extérieur. Il est donc souvent fait grief à Duvivier, Clair et Renoir de leur départ pour Hollywood pendant la guerre, d’autant qu’ils tardent à revenir, à un moment où le cinéma français a besoin d’eux. Au point que la présence (ou l’absence) sur le sol national de ces metteurs en scène gauchit parfois la réception de leurs films, au moins par la critique. Plus qu’un prétexte pour un combat politique, les accords Blum-Byrnes apparaissent par conséquent comme le catalyseur d’une mobilisation, destinée non pas tant à se battre qu’à se retrouver et à se définir. Dans l’immédiat après-guerre, le cinéma français avait sans doute besoin de se déterminer un ennemi pour mieux comprendre ce qu’il voulait être.

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