Négoce et enrichissement individuel à Tunis du XVIIe siècle au début du XIXe siècle

La Méditerranée : politique, négoce et culture
Par Sadok Boubaker
Français

Sadok BOUBAKER Négoce et enrichissement individuel à Tunis du XVIIesiècle au début du XIXe. Cette recherche cherche à mieux connaître le «milieu marchand» tunisien à l’époque ottomane, en analysant les modes d’enrichissement et les mécanismes de leur reproduction dans le cadre de ce groupe. Dans un premier temps, nous avons voulu dépasser l’anonymat que font peser les expressions telles que «familles de marchands» ou «milieu marchand»,sur les individus qui les composent.À cet effet,nous avons dressé toute une série de profils de négociants, suivi leurs activités et leurs destins. Marchands ordinaires omniprésents, islamisés d’origine européenne plus fréquents au XVIIe siècle, en passant par les mamelouks plus visibles après 1750, ainsi que par les marchands fermiers: à travers eux, les mondes de la marchandise à Tunis appa~raissent nombreux, multiples et dynamiques. Dans un deuxième temps, nous nous sommes interrogés sur les activités qui peu~vent engendrer l’enrichissement des mar~chands, ainsi que sur les procédés utilisés pour préserver leurs fortunes. Le commerce extérieur, les monopoles qui lui sont liés et le crédit commercial nous paraissent constituer les secteurs les plus créateurs d’argent. Par ailleurs, la fortune marchande ne semble pas forcément menacée par l’État,quand elle n’est pas acquise par le biais de privilèges reçus de cette même institution. Pour se prémunir contre les risques éventuels d’actions arbi~traires, les marchands mettent à profit l’insti~tution du habous,les investissements «refuge» et les alliances matrimoniales. Ainsi, l’absence ou l’existence d’une bourgeoisie marchande n’est ni dépendante de l’État ni forcement en rupture avec lui. L’initiative individuelle demeure l’élément clef de la fortune marchande. La situation tuni~sienne ne nous semble pas unique dans le monde ottoman.

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