Les rides d'Apollon : l'évolution des portraits de Louis XIV

La monarchie française
Par Stanis Perez
Français

Stanis Perez: Les rides d’Apollon. Hypothèses sur l’évolution des portraits de Louis XIV L’étude des portraits de Louis XIV a beaucoup insisté sur la mythologie et la pro~pagande qui les caractérisent. Le thème de l’évolution chronologique de ces portraits montrant la jeunesse puis la vieillesse du roi livre quelques éléments de réflexion concer~nant la théorie des deux corps du roi.Montrer le roi bébé ou sur une chaise roulante ne gêne pas le système monarchique même si le visage royal peut, selon les supports, être transformé mais rarement à des fins purement politiques. Il est nécessaire de croiser les types de portraits (monnaies, médailles, littérature, peinture, sculpture...) afin d’analyser le pro~cessus de représentation en gardant à l’esprit que selon les usages, le visage du roi peut servir de modèle pour lui-même comme miroir. Pour le reste des sujets, le portrait du roi est un objet à usage multiple mais qui n’implique pas forcément une propagande politique ou un dispositif de domination. Représenter le roi est une obligation de la monarchie mais certainement pas une stra~tégie de domination:la production de l’image royale est plus manifestation de l’exercice du pouvoir qu’une condition de son maintien. Jens Ivo Engels: Le roi de France perçu par ses sujets, 1680-1750 La perception de la monarchie par les sujets est analysée sur la base de plusieurs sources: littérature clandestine, chansons, pla~cets adressés au roi,gazetins et divers dossiers de la police. Le double concept de royauté sacrée et de désacralisation/désaffection des sujets au cours du XVIIIeest refuté. Ce qu’on peut appeler le cercle régénérateurde la monar~chie assure sa stabilité, dénotant l’espérance en un Âge d’Or à la fois passé et futur. Il n’y pas la construction de l’image du roi,mais des images très hétérogènes qui visent à contre-balancer l’image trop lisse de l’auto~représen~tation monarchique. On blâme le roi de ne pas réaliser l’Âge d’Or, pourtant il est le seul duquel on l’attend. Ces images s’avèrent ambigues, oscillant entre deux pôles qui tra~duisent l’idée d’un ordre idéal divergeant des nécessités du quotidien.Le nom du roi exerce une fascination attirant les sujets, mais il est à la fois soumis à des manipulations irrévéren~cieuses qui sont destinées à résoudre des pro~blèmes quotidiens.

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