Le système des passeports à l'époque stalinienne. De la purge des grandes villes au morcellement du territoire, 1932-1953

Usages policiers de l'espace
Par Nathalie Moine
Français

Lorsque l’introduction d’un passeport intérieur est annoncée aux Soviétiques à la fin de 1932, l’accent est mis sur les grandes villes. Outre le «désengorgement» ponctuel obtenu, par diverses méthodes, au moment de la délivrance des passeports, le nouveau système est l’occasion de renforcer la milice dans son travail de quadrillage de l’espace urbain. Cependant, la perception, de la part des autorités, des espaces géographiques à protéger de façon prioritaire, évolue, de même que le nombre de groupes de population ciblés par les mesures prophylactiques et répressives ne cesse d’augmenter. La géographie du système montre très rapidement sa plasticité, faisant la part de plus en plus belle, au cours des années 1930, aux zones frontalières, tandis que les transferts forcés de population se multiplient. À la fin de la période stalinienne, la purge sociale des grandes villes n’est plus qu’un aspect parmi d’autres du système de passeport intérieur, ce dernier se caractérisant avant tout par une prolifération de catégories géographiques et sociales. Dans l’immédiat après-guerre, alors même que les mesures particulières se multiplient, la velléité de réformer le système se fait jour au plus haut niveau, sans pour autant aboutir.

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