Femmes peintres à leur travail : de l'autoportrait comme manifeste politique (XVIIIe-XIXe siècles)

Les pratiques de l'art : auteurs, institutions, publics
Par Marie-Jo Bonnet
Français

Marie-Jo BONNET De l’autoportrait féminin comme manifeste politique (XVIIIe-XIXesiècles) La pratique de l’autoportrait est apparue tardivement chez les artistes françaises, une quinzaine d’années avant la Révolution dans un contexte où se pose à la fois la question de leur statut professionnel (si l’Académie royale de peinture et de sculpture admet les femmes,leur nombre y est limité à quatre à partir de 1770) et celle de leur identité d’artiste. Cette pratique n’est pas un phénomène isolé mais va prendre des proportions considérables sous la Révolution,puisque plus de 60 autoportraits ou portraits de femmes peintres à leur travail,exécutés par des femmes, seront exposés dans les différents Salons. À partir de l’analyse plastique des premiers autoportraits réalisés entre 1770 et 1790 par Marie-Suzanne Roslin, Anne Vallayer-Coster, Adélaïde Labille-Guiard, Elisabeth Vigée Le Brun, Gabrielle Capet et Marie-Guillemine Leroulx de Laville, nous montrerons comment les artistes en font un véritable art du manifeste politique. Pour s’y affirmer comme sujet souverain, bien entendu, mais aussi pour conquérir de nouveaux espaces dans la Cité.Appuyées par le pouvoir politique féminin (la reine Marie-Antoinette et Mesdames), les artistes vont mettre en œuvre une légitimité de créatrice qui explique probablement pourquoi le dernier quart du XVIIIesiècle a constitué un âge d’or de la peinture des femmes.

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