Histoire et cinéma : 1928, année politique

L'Histoire, les historiens et la société
Par Christophe Gauthier, Tangui Perron, Dimitri Vezyroglou
Français

Christophe Gauthier, Tangui Perron, Dimitri Vezyroglou Histoire et cinéma: 1928, année politique À tous égards, l’année 1928 apparaît comme un palier dans l’évolution des rapports entre cinéma et société en France.Les pouvoirs publics mettent en œuvre une libéralisation du statut du cinéma et expriment une confiance nouvelle dans le cinéma comme vecteur d’une identité nationale redorée. L’association des Amis de Spartacus, émanation du mouvement communiste français, réussit à étendre la diffu~sion des films soviétiques interdits par la cen~sure bien au-delà des cercles militants. La critique cinématographique elle-même voit émerger en son sein un courant très politisé, défendant la liberté du jugement critique contre les lois imposées par le capitalisme cinémato~graphique. Une mobilisation à caractère poli~tique autour du cinéma saisit donc la société. Mais la fin de l’année est marquée par un mou~vement de reflux, qui annihile les efforts réali~sés: le consensus autour de la libéralisation du statut du cinéma se brise rapidement, et resur~git la méfiance fondamentale des pouvoirs publics à l’encontre du septième art; les Amis de Spartacus ne survivent pas au changement de cap imposé par l’Internationale au PCF et à la mise en place de la tactique «classe contre classe»; la cinéphilie politique s’efface enfin devant une nouvelle tendance, intimiste, de la critique cinématographique. Ce moment «cri~tique» de 1928 laissera cependant des traces profondes dans l’histoire des rapports entre cinéma et société.

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