« Sciences et Arts » dans les Mémoires de Trévoux ( 1701-1762)

Religion et société dans la France moderne
Par Marie-Hélène Froeschlé-Chopard, Michel Froeschlé
Français

Marie-Hélène FROESCHLE-CHOPARD, Michel FROESCHLE Sciences et Arts dans les Mémoires de Trévoux ( 1701-1762) Organe de la Société de Jésus, les Mémoires de Trévoux affirment vouloir «donner au public un état fidèle de tout ce qui parait de curieux tous les jours dans le monde, en quelque genre de science que ce soit». Toutefois, les Mémoires de Trévoux luttent aussi contre la «philosophie» du siècle. Leurs comptes rendus, qui se situent entre ces deux perspectives, opèrent des choix. Du début du journal ( 1701) jusqu’à la suppression des Jésuites en France ( 1762), on relève 6758 mentions d’ouvrages ou comptes rendus. Ce nombre correspond approximativement au quart des demandes de permission d’imprimer «publiques ou tacites» On peut donc étudier les recensions des Mémoires de Trévoux comme une sorte de bibliothèque idéale offerte au public. Bien des aspects de cette bibliothèque montrent que les Jésuites ont le souci de rester fidèles à l’actualité. Il s’agit de livres récents. Par ailleurs, le journal accorde aux Sciences et arts et à l’Histoire une importance analogue à celle que ces matières occupent dans la pro~duction générale des livres. Enfin et surtout, dans ces recensions comme dans cette pro~duction, le nombre des ouvrages de Théologie s’effondre et celui des ouvrages de Sciences et arts est en constante progression. Ce résultat montre que les Mémoires de Trévoux, consti~tuent le reflet de l’opinion «éclairée». Dans ces Sciences et arts, les comptes rendus concernant les sciences sont de loin les plus fréquents. Parmi ceux-ci, les ouvrages de physique et de mathématiques ont pris le dessus. Pour guider les âmes, il faut s’appuyer sur une physique qui «offre à l’esprit et à l’ima~gination, non seulement les phénomènes que nous voyons, mais les causes et les ressorts dont l’action invisible donne ce spectacle de la nature» Un thème parcourt toute la période: c’est la confrontation de la physique de Descartes à celle de Newton. La Compagnie de Jésus, qui reste fidèle, en principe, à l’en~seignement d’Aristote dans les collèges, est en fait ralliée au cartésianisme et s’ouvre de plus en plus à la philosophie de Newton qui com~mence à s’implanter sur le continent et dans l’opinion éclairée.

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