Fascismes, racismes, antisémitisme
En collaboration avec Revue d’histoire moderne & contemporaine
Le XXe siècle a été marqué par différentes formes de violence extrême. À l’heure où les populismes et régimes illibéraux sont en plein essor, que nous apprend, compte tenu des différences de contexte, l’histoire des fascismes ? Quels éléments de compréhension supplémentaires apporte le renouveau historiographique des dernières décennies ? Quelle dynamique politique a permis à ces régimes de s’installer durablement au pouvoir ? Dans quelle mesure le racisme, la xénophobie et l’antisémitisme, ont-ils joué le rôle de « carburant » en amont et après la conquête du pouvoir ? En quoi le concept de « totalitarisme » est-il pertinent pour caractériser les fascismes ?
À partir de travaux passés et en cours, Marie-Anne Matard-Bonucci aborde l’histoire du fascisme en insistant sur les vertus d’une approche d’histoire globale et comparée. Elle revient sur la place de l’antisémitisme comme marqueur commun des mouvements et régimes fascistes et apparentés dans l’entre-deux-guerres. Elle réfléchit aussi sur la façon dont les sciences sociales, et l’histoire en particulier, peuvent contribuer à une déconstruction des hostilités identitaires.
Elle a piloté le groupe de travail « Éducation » lors des Assises de lutte contre l'antisémitisme, donnant lieu à la publication d'un rapport en avril 2025.
Marie-Anne Matard-Bonucci est professeure d’Histoire contemporaine à l’Université Paris 8, au sein de l’IFG-Lab et chercheuse associée au Centre d’Histoire de Sciences-Po.
Spécialiste de l’Italie contemporaine, des fascismes et de l’antisémitisme, elle fait partie du Comité de rédaction de la Revue d’Histoire moderne et contemporaine. Elle dirige la RevueAlarmer, revue gratuite publiant au fil de l’eau des contenus sur les racismes et l’antisémitisme.
Les libertés académiques en péril
Table ronde de la Société d’Histoire Moderne & Contemporaine
Vendredi 14 novembre 2025
13h30-19h30
Centre Malher – 9 rue Malher, 75004 Paris
Amphithéâtre Dupuis
Accès : Métro, ligne 1 : station Saint-Paul
La séance sera suivie d’un cocktail.
Entrée libre. Merci de signaler votre présence par un simple courriel : sr.rhmc@gmail.com
Depuis plusieurs années, les libertés académiques – soit la liberté d’enseigner et d’apprendre, de conduire des recherches et de les diffuser, à l’intérieur et à l’extérieur de la communauté scientifique – sont malmenées ou menacées dans de nombreux pays, particulièrement par des régimes autoritaires ou illibéraux et dans des pays en situation de guerre. Protégées par le droit international, européen et certains droits nationaux – en France on parle plutôt de liberté universitaire –, les libertés académiques sont une conquête majeure propre aux sociétés démocratiques. Leur existence garantit l’expression d’une recherche de qualité, comme les missions des universités pour l’innovation sociale, le débat d’idées et d’opinions.
La Revue d’histoire moderne & contemporaine, dont la genèse est contemporaine de l’établissement en France d’un système universitaire fondé sur le principe des libertés académiques, se propose d’éclairer, dans une perspective de longue durée, les mécanismes de constitution et de protection, mais aussi de fragilisation des libertés académiques jusqu’à la situation actuelle. Plusieurs questions seront débattues :
- Le principe même de la liberté académique comme garant de la production de savoirs critiques et son histoire ;
- Le rapport entre autorités de tutelle (et notamment l’État) et l’autonomie des universitaires et des chercheuses et chercheurs ;
- Le partage entre libertés individuelles et collectives au sein même de l’Université et l’encadrement des premières dans un cadre déontologique ;
- La variété et la complexification des mécanismes susceptibles de contraindre ou de limiter les libertés académiques : des pressions économiques aux contraintes exercées par le pouvoir politique en passant par les menaces pesant sur la pratique même de l’enseignement ;
- L’enjeu des libertés académiques comme témoin de la santé démocratique des pays concernés ;
- La mise en place de mécanismes de solidarité et de politiques publiques d’accueil des chercheuses et chercheurs menacés.
Forts de la certitude qu’il n’y a d’histoire que (moderne et) contemporaine, l’exploration entre passé et présent de tels enjeux à l’échelle globale et dans une perspective comparatiste sera suivie d’une table ronde donnant la parole à des universitaires confrontés en divers points du globe à ces processus qui mettent en péril les libertés académiques.
Programme
13h30-14h
Assemblée générale de la Société d’Histoire Moderne et Contemporaine
14h-17h
Les libertés académiques en perspective
Sophie BABY (Université Bourgogne Europe, LIR3S) et Marie-Anne Matard Bonucci (Université Paris 8), Introduction
Boris NOGUÈS (ENS Lyon, LARHRA), La fille aînée des rois de France. L’université de Paris entre émancipation et sujétions (1215-1793)
Olivier BEAUD (Université Panthéon-Assas), Liberté ou libertés académiques ?
Jihane SFEIR (Université Libre de Bruxelles), L’Université à l’épreuve des mobilisations étudiantes autour de Gaza : entre équilibre institutionnel et liberté académique sous tension
Jakob VOGEL (Sciences Po, Centre d’histoire), Entre pressions et résilience : le monde universitaire en contextes politiques illibéraux
Emmanuelle PEREZ TISSERANT (Université Toulouse Jean Jaurès, FRAMESPA), Un moment orwellien ? De la délégitimation des sciences à la destruction du rapport à la vérité aux États-Unis... et ailleurs ?
Pascale LABORIER (Université Paris Nanterre, ISP), Des libertés académiques aux « scholars at risk » : racines communes, déplacements conceptuels et malentendus contemporains
17h-18h
Actualités internationales – Table ronde avec :
Marie-Laure GEOFFRAY (Université Sorbonne Nouvelle, CREDA, Amnesty International)
Valentin BEHR (CESSP, CNRS)
Ozgür SEVGI GÖRAL (CETOBaC-EHESS, Chaire ICM-Uxil)
Brian SANDBERG (Iméra-AMU, Northern Illinois University)
18h-19h30 : Cocktail