À partir d’un corpus de différentes productions iconographiques représentant des alliances et des lignages (arbres généalogiques, diagrammes lignagers, peintures des « castes » de la Nouvelle Espagne, peintures dynastiques…), cette contribution se propose d’interroger les contextes de production et l’utilité de ces représentations graphiques de l’« origine ». Arbres, diagrammes et même peintures sont autant de supports pour exprimer le « fait généalogique ». Ces différents moyens doivent être compris comme la traduction en images d’un langage, avec sa logique et ses codes. Ce n’est donc pas tant l’aspect formel que le contexte qui leur confère un sens qu’il est nécessaire d’analyser : comme tout langage, le raisonnement généalogique est une ressource discursive au service des acteurs en tant forme de raisonnement ou de justification. Il constitue un répertoire d’arguments conçus pour énoncer ou affirmer. Sur la base de ces prémisses, cette contribution repère divers exemples de mise en image de cet imaginaire en se concentrant d’abord sur leur contexte et leur lieu d’énonciation ainsi que sur leurs agents. La nature argumentative de cette « logique généalogique » iconographique est le fil conducteur de ce premier temps. Dans un second temps, l’article se penche sur l’articulation entre le raisonnement généalogique et d’autres formes concurrentes – et a priori contradictoires – telles que la rhétorique du « mérite personnel », visant également à énoncer et à revendiquer une position sociale. Ces considérations permettent de mesurer la persistance jusqu’au xviii^e siècle du recours à la généalogie et à son imagerie dans le répertoire argumentatif des acteurs sociaux, ainsi que le sens qu’il convient de lui accorder.